Un Récit
J’ai tenu ma langue, jusqu’à ne plus pouvoir goûter quoi que ce soit.
Ce n’était pas toujours comme ça.
J’avais l’espoir que la tolérance raisonnée puisse grandir
derrière l’ombre des fusils.
Mais le gouvernement a commencé à effacer
tous les mots qui ne venaient pas
de son dictionnaire. J’ai attendu, et je me suis nourri
des miettes de liberté qu’ils nous donnaient.
Et d’ailleurs, en qui d’autre aurais-je pu croire?
Et puis leurs matraques ont cognés nos têtes
et la fumée des gaz lacrymogènes semblait flotter partout.
C’était brutal. Mais au moins, l’avenir est né
dans les larmes et ma langue a retrouvé son sens du goût.
Je pouvais goûter les voix qui chantaient.
Qui s’attend à des miracles ? Pas moi,
mais c’est ma chance de donner sa liberté
à ma langue. Et ceci, je l’ai fait.
Traducion: Dominique Blachon